NOUVELLES DU BEAUJOLAIS

ARTICLE ISSU DU JOURNAL DU PATRIOTE BEAUJOLAIS écrit par David Duvernay relayé par Arnaud CHAMBOST
Image par richarem de Pixabay

2024, année atypique dans les vignes

La saison 2024 n'a pas été de tout repos pour les viticulteurs et viticultrices du Beaujolais. Et la météo capricieuse n'y a pas été étrangère…


C'est à l'occasion de la réunion du réseau Beaujolais maturation, vendredi 30 août au 210 en Beaujolais à Villefranche que la date du ban des vendanges a été définie par les animateurs et les responsables du réseau et du vignoble, avant validation par la préfecture ce début de semaine.

Vendanges 2024 : il faudra se plier en quatre jusqu'au bout

Durant cette réunion, les conseillers de la chambre d'agriculture en charge du réseau Beaujolais maturation sont revenus sur ce qui a fait toute la particularité, voire même la singularité de cette saison 2024, bien différente des précédentes donc.

Un excédent d'eau
Certains diront que la météo du premier semestre et de ce troisième trimestre en cours ne s'inscrit pas dans un contexte de changement climatique. Une certitude, elle n'a pas fait l'unanimité auprès des viticulteurs et viticultrices, c'est le moins que l'on puisse dire…

Les données météorologiques collectées par la chambre d'agriculture confirment en tous points ce que la viticulture ne préfère pas, une pluviométrie excédentaire et un déficit d'insolation. Dans le premier cas de figure, elle a été excédentaire de 120 mm au premier trimestre et 111 mm au deuxième.

Et le mois de juillet n'a pas réduit cet excédent d'eau, bien au contraire… "De la fin mars à fin juillet, il n'y eu aucune semaine sans pluie…", complète Axel De Coüet, conseiller viticole à la chambre d'agriculture du Rhône.

Débourrement précoce mais une floraison étalée
Avec des températures moyennes plus chaudes que les normales en début d'année, le débourrement, tout premier des stades phénologiques de la vigne, a été précoce cette année dans le Beaujolais, en moyenne le 31 mars. Mais le temps plus frais en avril et mai a ralenti la poussée de la vigne et retardé la floraison.


"Selon les zones de précocité, la floraison s'est étalée dans le temps, de la fin-mai à mi-juin cette année. C'est pour cette raison que les vendanges le seront également", explique Axel De Coüet. Du millerandage et de la coulure ont également été observés en début d'été, une des raisons de l'hétérogénéité du nombre de grappes, d'une vigne à une autre et au sein d'une même parcelle.

Une forte pression des maladies
Toutes ces conditions météorologiques ont favorisé le développement des maladies, à commencer par le mildiou, un champignon parasite qui se développe à la faveur des printemps pluvieux et doux, et le black rot. Les viticulteurs et viticultrices se sont employés tout au long de la saison pour lutter contre cette forte pression.


"Ça a été une année compliquée et un effort de tous les instants. Il a fallu suivre les cadences de traitement. Les parcelles en altitude, ou dans les secteurs moyens ou tardifs ont légèrement moins souffert. Mais des parcelles ont décroché", rapporte le conseiller viticole de la chambre d'agriculture. L'oïdium a pointé le bout de son nez également, "mais le retour du soleil dès la mi-juillet a tout stoppé".

Et la maturation ?
C'est début août que les grappes ont pris leurs premières couleurs, à la faveur d'un mois enfin clément et généreux en termes d'ensoleillement et de températures. "La maturation est linéaire et évolue favorablement, résume Axel De Coüet. Le poids des grappes a bien évolué aussi, grâce aux précipitations. Sur ce point aussi c'est très hétérogène. On observe des petites grappes à cause du millerandage et de la coulure, et des grosses. Mais on reste dans la moyenne depuis les années 2000".

La maturation des grappes de chardonnay suit son cours aussi, avec une évolution constante du degré. "Il faudra bien suivre la maturation, faire des analyses pour suivre l'évolution du degré par jour et la perte d'acidité", lance le conseiller viticole, qui recommande aux vignerons de préconiser également des dégustations de baies pour affiner leur date de récolte.

"On constate dans les parcelles les plus avancées que les pépins sont croquants. Ça laisse présager une structure intéressante, des vins équilibrés et une belle qualité. Il faut attendre les premiers jus en cuve désormais".